Je désapprouve les propos de Mme Le Pen sur la rafle du Vel d’Hiv.
Les agissements de fonctionnaires français en appui aux crimes de l’occupant allemand, fussent-ils ceux d’un gouvernement de fait qui n’était pas le gouvernement légitime de la France, ont malgré tout engagé la responsabilité du pays.
J’ai toujours trouvés malencontreux les termes dans lesquels Jacques Chirac avait reconnu, au nom de la France, une part de responsabilité — une part seulement, puisque aussi bien M. Chirac avait commencé par rappeler que l’occupant était responsable au premier chef — dans la déportation d’hommes, de femmes et d’enfants innocents vers les camps d’anéantissement, au seul motif qu’ils étaient juifs :
La France, patrie des Lumières et des Droits de l’Homme, terre d’accueil et d’asile, la France, ce jour-là, accomplissait l’irréparable. Manquant à sa parole, elle livrait ses protégés à leurs bourreaux. […] Nous conservons à leur égard une dette imprescriptible.
Nous savons pour autant que l’autorité de fait se disant « gouvernement de l’Etat français » n’était pas la France Ce 16 juillet 1995, Jacques Chirac le rappelait explicitement, dans termes beaucoup mieux choisis :
Il y a aussi la France, une certaine idée de la France, droite, généreuse, fidèle à ses traditions, à son génie. Cette France n’a jamais été à Vichy. Elle n’est plus, et depuis longtemps, à Paris. Elle est dans les sables libyens et partout où se battent des Français libres. Elle est à Londres, incarnée par le Général de Gaulle. Elle est présente, une et indivisible, dans le cœur de ces Français, ces « Justes parmi les nations » qui, au plus noir de la tourmente, en sauvant au péril de leur vie, comme l’écrit Serge Klarsfeld, les trois-quarts de la communauté juive résidant en France, ont donné vie à ce qu’elle a de meilleur.
Incontestablement, Mme Le Pen a eu entièrement tort de rouvrir inutilement une polémique largement éteinte. Elle a rallumé ainsi les doutes qui avaient entouré l’attitude de son père à l’égard des juifs et partiellement défait le patient travail de dédiabolisation du Front national dont elle avait fait le socle de sa volonté d’arriver au pouvoir.