L’Espresso vient de révéler que Mgr Ricca [nommé le mois dernier par le Pape en qualité de « prélat de l’Institut des œuvres de religion », NDR] avait été éjecté en 2001 de la nonciature de Montevideo, en Uruguay, parce qu’il avait profité d’un changement de nonce pour non seulement abriter mais aussi employer à la nonciature son ami et amant, un ancien capitaine de l’armée suisse, Patrick Haari. Les frasques gays de Mgr Ricca devinrent d’ailleurs à ce point notoires et scandaleuses que le nouveau nonce, le Polonais Janusz Bolonek, demanda illico son transfert à Rome.
—Le Figaro, 8 juillet 2013.
Ce genre d’article va se multiplier ces prochains jours et tous ne seront hélas pas d’un ton aussi neutre.
On ne saura sans doute jamais tout. Etait-ce vraiment
un « piège » tendu à François à qui l’on reproche, en curie, de « ne pas lire les dossiers » et surtout d’avancer « au feeling » pour les nominations?
Sans aller forcément jusque là, je pense que l’affaire révèle très certainement les limites du mode de fonctionnement totalement déroutant adopté par le Pape dès le moment de son élection.
Il est en tout cas à espérer que cet épisode ramènera Sa Sainteté à une plus grande humilité, au lieu de l’humilité de pacotille, faite de calices confectionnés, certainement à grands frais, à partir du bois d’un bateau emprunté, pour se rendre à Lampedusa, par des Africains sans papiers désireux de vivre en Europe chrétienne, ou de croix pectorales en métal blanc, qu’il a ostensiblement affichée jusqu’ici. Témoin cet article larmoyant de La Croix:
De mémoire de vaticaniste, on n’avait pas vu depuis longtemps un déplacement pontifical marqué par une telle improvisation, profondément émouvante et en même temps joyeuse. « Modestie et sobriété » étaient les mots d’ordre donnés par le pape François lui-même pour son premier déplacement hors de Rome depuis son élection, le 13 mars. Celui-ci avait été décidé à peine une semaine auparavant, au vu des informations faisant état de nouveaux débarquements massifs d’immigrés, dont plusieurs, à nouveau, y ont laissé la vie.
—La Croix, 8 juillet 2013.
Hélas, quand on occupe des fonctions très importantes, dans une grande et ancienne institution, la vraie humilité consiste à se rendre compte qu’on n’est pas grand chose, d’une part par rapport à la longue liste de personnages, peut-être plus sages que soi, qui nous ont précédés, et d’autre part par rapport au groupe de personnes qui forment le réseau de nos collaborateurs.
Indépendamment de l’humilité qui a une valeur, me semble-t-il, pour elle-même, de la prudence, vertu chrétienne elle aussi toujours utile dans toutes les situations, une telle approche aurait protégé le Pape des conséquences d’erreurs qui peuvent survenir même dans une telle fonction, que le Saint Esprit, rappelons-le, ne met à l’abri de l’erreur que dans certaines rarissimes circonstances.