Il y a donc encore des bouffeurs de curés au PS ?


J’ai lu hier soir une stupéfiante interview de Jean Glavany dans le Journal du dimanche, dans laquelle ce vieux baron de la gauche semblait nous transporter à une époque que je croyais révolue depuis longtemps:

[JDD] Comment le pouvoir contourne-t-il cette loi?
[J. Glavany] Par toutes sortes d’artifices, qui font que l’Etat continue à privilégier certaines religions par rapport à d’autres. Je pense bien sûr à la religion catholique. En termes fiscaux notamment : une loi sur le mécénat de 1987 a mis par exemple fin à la laïcité fiscale. Celle-ci prévoit de déduire de ses impôts les dons faits aux cultes. C’est donc un détournement de la loi de 1905. Il ne nous semble donc pas inutile de sanctuariser ces articles, de sorte qu’on ne soit plus dans ces contournements permanents.

[JDD] Avec cette inscription, il n’y aurait donc plus aucune subvention des cultes?
[J. Glavany] On serait beaucoup plus rigoureux. On ne salarierait ni subventionnerait plus aucun culte. Mais les rénovations de lieux sacrés classés monuments historiques seront toujours possibles.

Vouloir rouvrir le sujet du statut de l’Alsace-Moselle, c’est déjà assez surprenant dans le contexte d’une élection présidentielle, où l’on cherche à rassembler. Faire de la question à peine plus large de la place de la loi de 1905 dans notre ordonnancement juridique un des cinq thèmes fondateurs de la campagne du candidat, c’est nettement plus ennuyeux.

Pourtant, indépendamment du sujet de la « laïcité » (qu’il conviendrait plutôt d’appeler par son vrai nom: anticatholicisme), il y a surtout la question de ces incessantes révisions constitutionnelles. Avant la révision de 1992, elles étaient réservées aux situations exceptionnelles, ou alors purement techniques comme celle de 1976 qui fixa notamment à cinq cents le nombre des parrainages requis pour être candidat à la présidence de la République. Maintenant, on en est arrivé au point où chaque président de la République se sent mandaté pour effectuer « sa » révision. J’espérais vraiment que cette très mauvaise tendance, commencée sous Jacques Chirac et sensiblement amplifiée par Nicolas Sarkozy, cesserait avec François Hollande, que j’imagine avoir plus de sens de l’Etat que les deux précédents. Mais en fait, non: il est donc fort possible que si elle gagne cette année, la gauche dispose d’une majorité suffisante au Parlement pour adopter des révisions constitutionnelles, ce qui n’avait pas été le cas,précédemment, depuis 1958.