La communion [est] bien différente dans son rite de ce qu’elle était il y a un demi-siècle. Jadis on s’agenouillait et un enfant de choeur tenait un plateau sous le visage du fidèle afin qu’aucune miette de l’hostie ne risquât de tomber à terre. À ce sujet, citons une plaisante anecdote. Il fallait alors communier les mains nues. Un curé, distribuant ainsi la communion, arriva devant une petite vieille qui, en raison du froid, portait de vieux gants de laine. Le desservant lui dit à voix basse : « Les gants ! » La vieille était un peu sourde et ne comprit pas, restant agenouillée, les mains jointes, les yeux clos et la bouche ouverte. Le curé revint à la charge : « Les gants ! » dit-il un peu plus fort. La vieille ouvrit les yeux, se demandant ce qui se passait, mais ne comprit pas davantage. Alors le curé dit à si haute voix que tout le monde entendit : « Les gants ! » La petite vieille, ayant compris « les dents », eut un regard effaré, puis plongeant sa main dans sa bouche en retira son dentier, qu’elle déposa sur le plateau de l’enfant de choeur…
—Ghislain de Diesbach, Le Nouveau savoir-vivre, Perrin, 2014, p. 137.