À propos de l’exclusion du professeur Mattei de Radio Maria


L’exclusion, survenue avant-hier, du professeur Roberto Mattei de Radio Maria, à la suite de son dernier article Motus in fine velocior paru sur Corrispondenza Romana, est passée relativement inaperçue en France. Elle est néanmoins symptomatique de la nouvelle persécution qui s’est abattue sur la Tradition depuis l’élection de l’actuel Souverain pontife. Elle a suscité, sur le Forum catholique, ce long commentaire de Scrutator Sapientiæ que je trouve très juste et que je reproduis ici _in extenso_ :

« Ne pèche pas celui qui, en toute révérence, souligne les manquements de la hiérarchie. »

Je ne suis pas à l’intérieur de la tête des gens, mais enfin, il m’arrive de parler d’expérience : le problème est le suivant : d’après bon nombre de membres de la hiérarchie, les errements et les manquements, doctrinaux et liturgiques, qui fragilisent la Foi catholique, et, par le fait même, l’Eglise catholique, ne sont pas des manquements ; de leur point de vue, c’est plutôt « une excessive fidélité » aux principes de la doctrine et de la liturgie catholiques qui est de nature à constituer un ensemble de manquements à « la charité évangélique ».

« Pèche au contraire celui qui se tait. » Mais non, si j’ose dire : du point de vue que l’on peut raisonnablement attribuer à / malheureusement constater chez bon nombre de membres de la hiérarchie, celui qui pèche, c’est celui qui s’exprime, avec une insistance importune, surtout quand il prend appui sur l’Ecriture, la Tradition, le Magistère, y compris le Concile, pour contredire un clerc qui s’est rendu responsable d’avoir été l’auteur, ou d’avoir laissé agir les auteurs, d’errements ou de manquements.

Ce qui, pour lui, le Professeur de Mattei, est un manquement, constitue fréquemment, d’après eux, un signe, une trace, de «  charité  : pour cette raison, qui défie la raison, aucune correction fraternelle, contre les auteurs de ces manquements, ou contre ceux qui les cautionnent, ne peut, à vue humaine, commencer à porter.

—Lu sur Le Forum catholique.

Un récapitulatif et clair complet de l’affaire a été compilé par Rorate caeli.

La question posée, de fait, dans la situation entièrement nouvelle où nous nous retrouvons sous le pontificat de François, est bien celle-là : a-t-on le droit d’exercer la moindre correction fraternelle, comme c’est le devoir de tout chrétien lorsque un supérieur se rend coupable d’un manquement à la Foi ? Déjà Saint Paul a dit à Saint Pierre qu’il ne « marchait pas selon la vérité de l’Evangile » (Ga., II, 14). Saint Thomas d’Aquin, à qui il faut toujours se référer, va même jusqu’à se demander dans la Somme théologique si la « correction fraternelle » prescrite par Notre-Seigneur peut s’exercer à l’égard des supérieurs. Après avoir fait toutes les distinctions utiles, il répond (IIa, IIæ q. 33, art. 4, ad 2) : « On peut exercer la correction fraternelle à l’égard des supérieurs lorsqu’il s’agit de la foi. » Mais désormais, cela n’est plus toléré. Les persécutions, après le net reflux constaté sous Benoît XVI, ne peuvent que reprendre et s’amplifier.